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jeudi 23 juin 2011

Le 3 mai 2011, à sa table de travail, le poète n’a aucune idée de ce qu’il va écrire ; il va lui falloir forcer la paresse et le vide artificiel, forcer le passage, comme lors de ces jours salariés où l’envie de travailler fait grand défaut mais par quoi la contrainte oblige à ; ce dont il n’est autrement pour le poète, qui, se contraignant lui-même et par auto-discipline éprouvée, peut s’avancer dans ses retranchements. La matinée de travail ainsi se divise en trois temps :



- d’écriture dans le carnet : +/– 1 heure 30 (poème ou journal)

- de saisie sur ordinateur de page(s) de carnet : +/– 1 heure

- de mise en ligne (non quotidienne) : entre ½ heure et 1 heure



Valérie Rouzeau, depuis des mois, écrit un ou deux sonnets par jour, après de longs mois de panne d’écriture, et se glisse activement, alertement, énergiquement, édonc joyeusement, dans la contrainte formelle du 14-vers sonnétique : sans cette contrainte, c’est-à-dire par plongée dans ses propres affres au fond desquelles elle aura pu réparer la panne en découvrant qu’il lui manquait une assise solide pour écrire (LA POÉSIE EST AVANT TOUTE CHOSE AFFAIRE DE FORME), sans cette contrainte formelle, pourrait-elle se mouvoir et s’émouvoir d’écrire ? N’avait-elle pas nécessité de retrouver la forme, celle qui affleure souvent dans ses précédents livres, pour se lancer à l’aventure et dans la masse accumulée depuis des mois ?

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« Je crois que l'inspiration existe même si l'idée que ça vienne des dieux m'agace, mais tu sais parfois ces images, et même ces vers comme "donnés", j'ai encore vécu ça hier, ne sais ce que c'est si pas l'inspir'. Mais je sais que je devrai tout retravailler, sauf le 1% donné (comme hier, déclencheur), et suis d'accord avec toi travailleur verbal ! Valérie »



Grâce divine, ou travail sur soi ? L’obsessionnel souci, qu’il faut marteler de questions.  Le poète Jean-Paul Klée, depuis 2000, écrit un ou deux, voire parfois plus, poèmes par jour destiné à son ami Olivier Larizza, auquel il porte un sentiment trouble ; la masse de poèmes représente, dit-il, huit à neuf mille pages : folie de celui possédé par les dieux de l’amour, par Eros et Calliope associés, ou accumulation et désir travaillés par les années et les aléas d’une vie mouvementée et engagée (désespérément engagée depuis sa radiation de l’Éducation Nationale pour avoir révélé des documents classés « secret défense » concernant les secrets de fabrication des établissements Pailleron), et  une maîtrise de langue et de soi qui confine à la précision orfévique ? La connaissance, la maîtrise, la réflexion, voilà quoi mène au poème. Ces deux poètes produisent une libération de la main parce que le corps a vécu la contrariété et parce qu’ils connaissent  parfaitement leur corps-pensant : ils écrivent sous leur propre contrainte, celle qui construit dans le même mouvement la femme, la poète, le poème, et l’homme, le poète et le poème. Le poète du 3ème millénaire travaille contre ce type d’assertion : « Aussi la poésie ne se veut pas. Elle ne se construit pas. Elle naît d’une inspiration dont elle a la garde… » (Frédéric Midal, Pourquoi la poésie ?, Pocket, 2010, lequel refuse d’opposer inspiration et travail) L’inspiration a une origine religieuse (la religion relie à Dieu, de religare, « relier »), le poème prétendu inspiré demeure cultuel.



Vates. Devin, voyant, prophète, poète (inspiré par les Dieux).

" de l’indo-européen commun *wat (« inspiré par dieu ») dont sont issus l’anglais wood (« fou »), le néerlandais woede (« fureur, colère »), l’allemand wut (« fureur »), l’alémanique wotan (« Odin »), le gaélique irlandais fáith (« poète »)… (Source : Wikipédia)

1 commentaire:

  1. LA POÉSIE EST AVANT TOUTE CHOSE AFFAIRE DE FORME
    okay d'ac mon JP préféré ! mais à condition que ce soit cette "forme" dont on cause quand on dit :"ch'us en forme" (ou au contraire : "j'ai pas la forme")

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