Nombre total de pages vues

mardi 5 juillet 2011

Ordi-1, dit Jokerman, vit dans la pièce principale de l’appartement ; Ordi-2, dit Lucida Handwriting, dans une pièce du même appartement considérée comme une annexe de l’association des Rias. Ordi-1 n’ouvre pas les fichiers de la clé USB, à cause d’une version d’Open Office incompatible avec les fichiers enregistrés sous word 2007 de ladite clé, mais se connecte à la boîte wifi, il est près de la fenêtre, Ordi-2 quand, lui, est fourni d’une version plus récente d’Open Office, compatible alors avec les fichiers word. Voilà l’exposition. Sur Ordi-1, le poète ne peut faire autre chose que consulter internet ou réceptionner voir envoyer des courriels depuis sa webmail, or il lui faut souventes fois naviguer sur internet tout en écrivant dans le carnet qui lui sert de support de travail et de saisie, et c’est sur Ordi-2 qu’il va saisir, à l’aide de sa clé USB, ce qu’il a écrit ; ce qu’il a fait en fin de matinée.
Mais.
Après déjeuner et une courte sieste, décidé à reprendre le travail, il allume Ordi-2, ouvre son fichier « Blocs (& Journal afférent) », puis le document word du même nom, et constate, alors dépité, si ce n’est découragé, voire écoeuré, évidemment en colère contre l’informatique, et agacé par sa mal-maîtrise de l’outil, constate que la page saisie ce matin, qui lui demanda une heure de travail (les pages du carnet saisies étant revues : raccourcies ou développées), que la page saisie ce matin avait disparu ; le poète ne sachant nulle-ment comment on récupère un fichier, raison de plus de maudire sa mal-maîtrise et sa méconnaissance et sa réticence de et à l’outil, et soupçonnant stupidement une conspiration numérique. Il lui fallait recommencer, tâche qu’il décida de reporter aux calendes grecques de sa journée.
Mais.
Ce n’est pas tout !
Il fut décidé, à l’occasion de la résidence du poète en terre ardéchoise et pour réfléchir à la notion d’air/souffle/inspiration comme troisième volet de sa tétralogie « La rêverie au travail » (comme on met les muses au bordel), d’ouvrir un blog intitulé « Rêverie au travail » afin de rendre public, voire participatif, l’atelier du poète au travail. La mise en ligne d’une page ne présente guère de difficultés... à qui, encore une fois, maîtrise. Or, le poète au travail se trouve devant le nouveau constat, quelques minutes après le premier, ayant décidé de passer à la tâche suivante afin de ne pas rester sur un échec cuisant et dans le sentiment de n’avoir rien fait de sa journée, devant le nouveau constat d’une page illisible : la longue citation de Platon sur l’inspiration est en caractères noirs au lieu de blancs, ce qui, sur un fond sombre, rend le texte illisible. Nouveau constat et nouveau dépit et nouveau découragement et nouvel écoeurement et nouvelle colère et nouvel agacement, et renforcement de la conviction de la chronophagie du numérique. Ordi-2 regarde le poète de son grand œil-écran, narquois. Le poète se lèvera, enfilera ses godillots de marche, et ira marcher. C’en est terminé de cette aventure inintéressante du poète confronté à la malignité d’Ordi-1 et d’Ordi-2.


(Plus tard, dans le même jour :) Note en marchant : qu’il y a, chez les poètes prétendument et soi-disant inspirés, une intention d’échapper au réel, à la réalité, au monde ; la croyance (italique, gras, souligné) en une instance supérieure et divine qui dicterait et donnerait le poème ; or que contrairement, le travailleur verbal, homo faber devant le non-éternel, les affronte et creuse dedans pour en extraire une matière brute qu’il forgera avec volonté et talent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire