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lundi 13 février 2012

Le 5 janvier 2012, « Pour ce que le ris est le propre de l’homme », cuidait Rabelais (note : il arrive mainte fois au poète d’user du médiévisme « cuidier », disparu des dictionnaires de langue française au 16e siècle, et que les lecteurs de textes anciens et philologues connaissent bien pour ce qu’il abondait, dans le sens de « penser, croire », mais aussi « s’imaginer », avec souvent la nuance « à tort », « cuidier » pouvait immiscer la possibilité d’erreur dans ce que pouvait penser celui qui pensait que). Le rire n’est pas la manifestation évidente de l’intelligence de l’homme, puisque l’homme ne rit pas systématiquement avec intelligence, le rire bas (ou gras, ou vulgaire, ou obscène, ou beauf) est ce qui s’entend, hélas, souvent, hélas (dans les bistrots ou sur les écrans de télévision) l’homme ne rit pas comme riait Rabelais, philosophiquement, avec contenance d’une réflexion critique sur le comportement des hommes et sur le langage et sur son propre rire. Si le poète a recours à la bouffonesque et au grotesque (au sens de bizarrrie linguistique et grammaticale), il n’est pas à considérer comme un comique, sa poésie peut paraître pince-sans-rire, pourtant qu’il recherche Susan désespérément et des effets d’humour, à faire sourire, non pas rire : : : ainsi différencie-t-il comique et humour, le rire et le sourire, même si le premier inclut le second. Le sourire est un rire atténué (un sub-ridere), un rire intérieur, du moins, discret, un rire non dénué d’inquiétude consciente, le sourire est élevé, noble, subtil. Si le sourire peut trahir de l’inquiétude, le rire balaie l’inquiétude, parce que le rieur n’est pas un inquiet conscient de l’être et rit donc, le plus souvent, aux dépens de l’autre (ce qui ne signifie nullement que le rire travaillé par Rabelais ne soit provoqué par un sentiment d’inquiétude profonde et critique, on le sait, au contraire, mais le pseudo-rire de Rabelais est beaucoup trop référencé pour ne provoquer qu’un rire simple et bas, sans articulation d’une pensée, Rabelais provoque un sourire accentué, pas un rire). Le poète pense que le rieur s’exclut de la cible du rire, quand il est limité dans la conscience de lui-même, contrairement au sourieur, qui s’inclut dans ce qui provoque son sourire, il possède la conscience critique de lui-même. Le rire paraît sans failles, et démontre son assurance, il y a dans le sourire matière à doute. L’humour advient le plus souvent dans des jeux de langage, le rire, dans des jeux de situation, le plus souvent, insistons, pas systématiquement, mais les scènes de Molière font rire, le langage de Laurence Sterne, sourire. Ce sont des raisons pour lesquelles le poète pense qu’en ses jeux verbaux se glisse de l’humour et que le mouvement syntaxique l’y inclut en menuisant de la subtilité, qui aux yeux de nombre de lecteurs passe pour de la complexité exagérée (ampoulée, emphatique, artificielle, prétentieuse et autres jugements de cette sorte). Il est un fait : le poète n’est pas sans mésassurance devant ce qu’il avance (sa toujours incertaine pensée…)

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