Nombre total de pages vues

mercredi 28 mars 2012

27 janvier 2012
Au passage, sans plus approfondir, mais dans l’idée de le faire un jour, le poète se demande si le numérique n’est pas l’expression cybermoderne du baroque. Soit. Il ne souhaite pas s’investir corps et âme et exclusivement dans le numérique, l’écriture et la littérature numériques ou publication numérique, il souhaite interroger cette hyper-cyber-modernité, s’en inspirer, regarder cela comme un monde qui prend forme ; sa curiosité le porte vers cela pour ce qu’il ne veut pas ignorer le monde dans lequel il vit, ni se laisser happer par lui ; il n’est nullement tourné vers le passé ni nostalgique d’aucun monde que ce soit : il se veut parmi son temps, avec ses dispositions et attraits, goûts et préférences ; c’est un observateur naïf et curieux du numérique, comme source et ressource. Il pressent le terme de son travail tout proche, pressentiment facile, puisqu’il ne lui reste plus qu’un poème à fabriquer ; or, de ce pressentiment commence à émerger un début de soulagement, et soulagement ne signifie en rien souffle ni « ouf de ». Il pense à J. , F. et M., à l’association Les Rias, là-bas, en Ardèche, aux personnes et lieux auxquels il n’a cessé de pensé le long de ce travail. (Il s’empare de son Dictionnaire historique de la langue française aux éditions Le Robert, répondant à sa tendance à réfléchir avec l’étymologie des mots, parce que lui revient en mémoire le mot « fauteur », dévalorisé à cause de l’expression « fauteur de troubles », qu’il a lu au matin chez Alain Rey qui tente de le réhabiliter dans son Amour du français, écrivant à propos de Rabelais : « ce grand fauteur de progrès » (entendez : de la langue française) : : : mot qui l’interpela bien, pour qu’il s’en souvienne maintenant : « est emprunté, d’abord sous la forme fateur (1295) au latin classique fautor, fautrix « personne qui favorise », « soutien, partisan », du latin archaïque favitor, dérivé de favere « être favorable » (àfaveur) Le mot a désigné une personne qui protège et favorise qqun, sens vivant à l’époque classique. Sous l’influence de faute, il s’est spécialisé (1596) à propos d’une personne qui favorise une action blâmable ; il est inusité au féminin. Détaché de son origine (favorisateur), senti comme dérivé de faute* il s’emploie surtout dans le domaine politique (fauteur de troubles), plus couramment dans l’expression fauteur de guerre ». Mais trêve de digression, le poète était sur le point de réfléchir au soulagement.) Du mot « soulagement », non pas l’acception substantivale, mais l’acception verbale d’alléger, « alléger le travail de quelqu’un ». Le poète va, achevant son travail, alléger l’individu dans lequel il a pris position et vie ; l’individu en question ne sera pas allégé du poète, et ne veut certainement pas l’être, c’est son bernard l’ermite, le solitaire réfugié en lui. Le poète, achevant un travail, provoque une détension du corps et de l’esprit et dans le même temps une intensification temporelle qui concentre la durée et l’instant et qui ressemble de près à la volupté érotique. Cette considération l’amène au poème final, « De la tension », à sa phrase courte, ironique.

Et c’est ainsi qu’on s’allège, voluptueusement.



DE LA TENSION

Le poète est un fauteur de troubles —

1 commentaire:

  1. Fouteur de bazar, alors le poète? Bazar discret, tout en remuements, turbulences intérieures et cérébrales. Qui dit cérébral dit peut-être et par extension folie douce par doublement de soi : le poète et celui qui le porte?

    RépondreSupprimer